BILLET LITTERAIRE DU CABINET FOURGOUX-BOUCARD ET CAMPI Du mois de FEVRIER 2022
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« La littérature nous met en garde contre les idées simples. », (Les deux messieurs de Bruxelles - Eric-Emmanuel Schmitt)
Karine Tuil, La décision, Gallimard, 2022
Mai 2016. La juge du pôle antiterroriste Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...
Karine Tuil décrit avec minutie le fonctionnement et le déroulement de l'instruction, sans jamais être didactique, en intégrant dans le fil du récit des éléments du dossier, des retranscriptions d'interrogatoires, des extraits d'écoutes téléphoniques. La romancière dessine chaque étape de ce long processus de recherche de la vérité, avec les doutes qui l'accompagnent, et les enjeux politiques qu'il sous-tend.
La décision nous fait bien saisir ce qui se passe dans la tête de la narratrice et les affres dans lesquels la plongent les décisions cornéliennes qui s'imposent à elle, dans sa vie professionnelle, comme dans sa vie intime.
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Emmanuel Pierrat et Joseph Vebret, Ernestine ou la justice, Editions Les Escales, novembre 2021
Notre confrère Emmanuel Pierrat, du barreau de Paris, met sa connaissance et sa pratique du droit au service d’un roman historique, sur les traces d’une jeune avocate fictive, Ernestine Gaudivot :
« Le 24 mars 1919, après presque cinq ans de détention préventive, Raoul Villain comparait devant une cour d’assises pour l’assassinat de Jean Jaurès. Un procès spectacle et au fort pouvoir médiatique, au terme duquel l’homme sera acquitté.
Ernestine, fille de bourgeois, destinée à un mariage sans éclat, décide de s’émanciper des codes de son milieu et de s’inscrire à la faculté de droit.
Admiratrice de Jaurès, engagée à son échelle pour les droits des femmes, pour son premier poste de juriste elle est chargée de préparer la défense de Villain.
Entre comptes-rendus des audiences, constitution du dossier de la défense, balbutiements romantiques et révolte filiale, les deux auteurs font état des hésitations morales de l’héroïne, de sa marche vers la liberté, de son parcours auquel la guerre, en emportant la vie de millions d’hommes, a donné un coup de pouce ironique.
On se prend au jeu de cette fiction judiciaire. On s'agace, avec Ernestine, de voir que ce qu’on n’appelait pas alors «le patriarcat» refusa longtemps aux femmes de porter la robe... dans les prétoires. Et on révise toujours avec profit le bouillonnement politique et idéologique qui précéda et suivit la Grande guerre. » (article issu du journal Bon pour la tête, novembre 2021).
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